samedi 27 février 2010

Un détecteur de fumée obligatoire chez vous

Le Sénat a voté l'obligation d'installer un détecteur de fumée dans tous les logements privés d'ici cinq ans.

L'installation d'un détecteur de fumée sera obligatoire dans tous les logements privés d'ici cinq ans. La proposition de loi a été définitivement votée par le Sénat jeudi 25 février, après avoir été approuvée par l'Assemblée mardi. Cette mesure vise à réduire de moitié le nombre de morts dus à des incendies domestiques, estimé à 800 par an en France. Le vote des sénateurs conclut un très long processus législatif : la proposition de loi avait été déposée en 2005 par les députés UMP Pierre Morange et Damien Meslot. Le texte rend obligatoire l'installation d'au moins un détecteur de fumée dans tous les logements d'habitation, neufs ou anciens, dans les parties privatives, dans les cinq ans suivant la publication de la loi. Actuellement, cette obligation ne concerne que les immeubles d'entreprises ou accueillant du public.

L'entretien du détecteur reviendra à l'occupant

La responsabilité de l'installation et de la maintenance du détecteur incombera à l'occupant du logement, qu'il soit ou non propriétaire, sauf pour les locations saisonnières, foyers, logements de fonction et locations meublées. Dans ce cas, l'installation et l'entretien du détecteur reviendra au propriétaire. L'occupant du logement sera tenu de fournir une déclaration d'installation à son assureur. Les compagnies d'assurance ne seront pas autorisées à réduire la prise en charge des sinistres en cas de non respect de l'obligation d'installer un détecteur ou de défaut de déclaration d'installation. En revanche, elles pourront baisser la prime des assurés qui se conforment à la loi.

10.000 victimes par an

En France, 250.000 incendies domestiques se déclarent chaque année. Ils font en moyenne 10.000 victimes par an, dont 800 décès. Le taux d'équipement de ce type d'alarme anti-incendie dans les logements n'est que de 2%, contre 89% en Grande-Bretagne et 98% en Norvège, où le nombre de morts lié à des incendies d'habitation a été divisé par deux depuis qu'ils ont été rendus obligatoires, selon les statistiques du secrétariat d'Etat au Logement.
Côté pratique, un détecteur est un appareil à l'alarme stridente fixé au plafond, de préférence à proximité des chambres et pas dans la cuisine. Indépendant du secteur, il fonctionne avec une pile qu'il faut changer tous les ans (un dispositif signale qu'elle est en fin de vie). Son prix oscille entre 10 et 50 euros, pour une durée de vie moyenne allant de cinq à dix ans.

Un "cavalier législatif"

La proposition de loi de Damien Meslot et Pierre Morange a subi un processus législatif chaotique. Après avoir été adoptée en première lecture par l'Assemblée en octobre 2005, puis en janvier 2007 par le Sénat, elle a été modifiée en deuxième lecture par les deux chambres en 2008, avant d'être transformée en amendement intégré dans le projet de loi Boutin sur le logement, adopté en février 2009 par le Parlement.
Mais cet article avait été censuré par le Conseil constitutionnel comme constituant un "cavalier législatif", c'est-à-dire dépourvu de lien avec le projet de loi Boutin. D'où un retour à la case départ, avec une commission paritaire mixte, composée de sept sénateurs et sept députés, qui s'est chargée d'élaborer un texte commun à l'Assemblée et au Sénat, finalement voté par les deux chambres cette semaine.

(Nouvelobs.com)

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jeudi 25 février 2010

La Bloom Box va-t-elle révolutionner l'électricité?

Sur le papier, la Bloom Box a de quoi faire rêver: un cube de 10 cm capable de produire assez d'électricité pour les besoins d'une maison, à partir d'oxygène et d'un combustible (gaz naturel, biogaz). Le tout, à un coût compétitif face au vieux réseau électrique. Google, eBay, Coca Cola ou encore Fedex utilise la technologie depuis plus d'un an et ne tarissent pas d'éloges. Mercredi, Bloom Energy, une start-up californienne restée dans l'ombre pendant huit ans, a présenté son bébé au public en présence de beau monde: le secrétaire d'Etat Colin Powell, le gouverneur Arnold Schwarzenegger, le cofondateur de Google Sergey Brin et le PDG d'eBay John Donahoe. Aurons-nous tous un cube dans notre garage d'ici 10 ans? Probablement pas, selon les experts interrogés par 20minutes.fr. Mais la technologie a indéniablement du potentiel.
La Bloom Box est-elle différente des piles à combustible classiques?
Oui et non. «Le principe est le même», explique Jack Brouwer, directeur-adjoint du National Fuel Cell Research Center de l'université d'Irvine, en Californie. La pile à combustible, mise au point en 1839, génère de l'électricité via une réaction chimique entre l'hydrogène (provenant par exemple d'un hydrocarbure) et l'oxygène. Le problème jusqu'à présent, pour cette technologie notamment employée dans des satellites, est son coût rendu élevé par des matériaux tels que le platine, utilisé comme catalyseur pour accélérer le réaction. La Bloom Box est, elle, «une pile à combustible à oxydes solides» qui génère de l'électricité via le mouvement des ions d'oxygène, précise Jack Brouwer. Avantage, selon le scientifique: «un coût de fabrication bien plus faible et une robustesse plus importante». «De nombreux acteurs sont sur ce créneau mais Bloom Energy semble le plus avancé dans l'intégration industrielle», selon lui.
A combien ça revient vraiment?
Le prix d'un «serveur» de 100 Kilowatts –de quoi alimenter 100 maisons européennes– coûte de 700.000 à 800.000 dollars, selon le PDG de Bloom Energy K.R. Sridhar. Il espère abaisser le coût à 3.000 dollars par maison dans les années à venir. Mais la grande nouvelle de mercredi, c'est le chiffre au kilowatt/heure annoncé: de 8 à 10 cents (de dollars), contre 11 cents en moyenne pour l'électricité provenant des centrales à charbon. «C'est une surprise», réagit pour 20minutes.fr Michael Kanellos, rédacteur en chef de GreenTechMedia, plutôt sceptique jusqu'ici. «Ce coût inclut le gaz naturel et la maintenance. Certes, il peut fluctuer avec le prix des matières premières et il tient compte des aides fiscales californiennes, mais réussir à être compétitif avec le charbon, le solaire et le vent, c'est fort». John Kluza, analyste chez Lux Research, est plus mesuré. «Sans les aides, on est plutôt à 14 cents, et encore en se basant sur un prix du gaz naturel bon marché. La population privilégiera d'abord le coût.»
Faire de l'électricité avec du gaz naturel, est-ce vraiment plus vert qu'avec du charbon ou du nucléaire?
Globalement, oui. Au rendement actuel, Bloom Box «produit avec la même quantité de carbone environ deux fois plus d'électricité» qu'une centrale thermique classique, selon Michael Kanellos. Même les centrales les plus modernes, très rares, «émettent 20% de CO2 en plus et de 50 à 80% de composés polluants supplémentaires», précise Jack Brouwer. Quant au nucléaire (beaucoup plus populaire en France, où il représente plus de deux tiers de l'électricité contre 20% aux Etats-Unis), «il n'est pas sans émission, notamment lors de la construction des centrales, les projets sont gigantesques et coûtent toujours plusieurs milliards que prévu, sans parler du problème des déchets», rappelle Michael Kanellos.
eBay dit utiliser des Bloom Box alimentée à 100% par du biogaz provenant de déchets, pour un bilan carbone totalement neutre. Est-ce l'avenir?
Partiellement. Le biogaz est limité en quantité et à certaines zones géographiques situées proches de déchetteries ou d'usines de retraitement des boues d'épuration. «Même si l'on maximise notre capacité, cela ne représentera pas plus de 20% de nos besoins», chiffre Jack Brouwer. «Mais 20% de nos besoins sans émission supplémentaire de CO2, c'est très loin d'être négligeable.».
Et l'énergie solaire utilisée pour une pile à combustible, ça marche comment?
Ce n'est pas pour tout de suite. Bloom Energy place l'horizon à 10 ans. L'idée: au lieu de stocker l'électricité solaire dans des batteries, on peut l'utiliser pour inverser la réaction de la pile à combustion (et ainsi obtenir de l'hydrogène et de l'oxygène à partir d'eau et d'électricité). Ensuite, rebelote dans l'autre sens. «Pour l'instant, les pertes sont trop importantes, mais c'est une piste», d'après Jack Brouwer.
A quoi ressemblera le futur à un horizon de 10 ans?
A un panachage de technologies. Une solution décentralisée comme Bloom Box, si elle tient ses promesses, a son intérêt, selon les chercheurs. Plutôt avec un serveur par voisinage qu'une boîte par maison, pour l'entretien et permettre de mieux «moyenner» les besoins. Le réseau électrique ne disparaitra pas du jour au lendemain, mais des entreprises comme EDF ou General Electrics pourraient songer à acheter du courant à des «serveurs» Bloom Box (ou d'autres), comme elles le font déjà auprès des centrales. Du côté des voitures, Michael Kanellos voit bien une solution mixte: «des batteries pour les petits trajets et une pile à combustion pour les plus longs». Malheureusement, la voiture Retour vers le futur, qui utilise directement des déchets, ne semble pas réalisable pour l'instant.

http://20min.fr/a/386974 (via @20minutes)